Le macareux est un drôle d’oiseau. En France il a quasiment disparu. Seuls 200 couples sont encore présents en Bretagne. En 1950 il y en avait 15 000 ! Mais, la pollution, les marées noires et aussi la chasse ont décimé la population. C’est donc au Pays de Galles que nous sommes allés à sa rencontre.
Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire mon article précédent en cliquant ici.
Le macareux, présentation.
Le macareux est souvent surnommé le perroquet des mers ou encore le clown des mers. Son bec proéminent et son allure pataude le rendent tout de suite attachant.
Habitat et mode de vie
Le macareux est un petit oiseau pélagique (30cm pour un poids de 500g). Il passe donc la majeure partie de son temps en haute mer.
Il se rapproche des côtes uniquement pendant la nidification. La meilleur période pour les observer est donc entre le mois d’avril et le mois de juillet.
Pendant cette période les macareux se regroupent en colonies qui peuvent compter plusieurs milliers d’individus. Le couple vit dans un terrier qu’il a creusé ou bien utilise ceux déjà présents dans les garennes.
Chaque couple pond un unique œuf. Le poussin est nourri pendant environ 6 semaines. Les adultes vont en mer pêcher de petits poissons. Leurs ailes courtes permettent de nager facilement de sous l’eau. Une fois les bébés élevés, les adultes abandonnent le nid. Les jeunes vont jeûner environ une semaine.Puis, tiraillés par la faim, ils vont finir par sauter dans la mer et se nourrir seuls.
Première rencontre avec le macareux
3 juin 2019, nous sommes arrivés depuis quelques heures. Nous n’avons qu’une hâte, aller à la rencontre du macareux moine.
Aussi, nous rangeons rapidement les bagages dans la chambre et nous partons par le 1er chemin qui longe le bâtiment. Nous ne savons pas très bien où nous allons mais heureusement deux garçons, habitués des lieux, nous guident jusqu’à un site qui se nomme « Crab bay ».
Crab Bay c’est une sorte de plateau en forme de fer à cheval en contre bas de la colline. Le chemin descend en pente raide jusqu’à un affût qui accueille 3 personnes.
Ici tout est bien pensé. Alors avant de descendre à l’affût, il faut signaler sa présence à l’aide des petits bâtons blanc.
3 bâtons piqués dans le sol = 3 places de libres dans l’affût.
1 bâton couché au sol = 1 place occupée dans l’affût
Donc si les 3 bâtons sont au sol cela veut dire qu’il ne faut pas descendre jusqu’à l’affût car il il n’y a plus aucune place de libre.
Mais rassurez-vous, il y a largement assez d’espace pour rester en amont de l’observatoire et cela ne dérange absolument pas les macareux.
Nous ne le savons pas encore mais Crab bay c’est le spot de toute l’île où les macareux sont les plus familiers.
Les premières photos
Je couche deux bâtons sur sol et nous descendons jusqu’à l’affût. La pente est très raide et le sol humide, il faut faire attention à ne pas glisser!
Autour de nous il y a des macareux partout. Ils sont tout proches. Nous passons parfois à moins d’un mètre d’eux sans pour autant les perturber, c’est incroyable !
L’observatoire est spacieux et possède de très larges ouvertures sur les trois côtés. Ici il n’y a aucun problème pour passer les très gros objectifs!
Devant nous c’est la falaise qui plonge dans la mer. Et, des dizaines et des dizaines de macareux reviennent de la pêche. Ils passent à quelques mètres de l’affût. Le bruit, des battements d’ailes rapides, accompagne ce ballet aérien. Il y a tellement d’oiseaux que nous ne savons plus où donner de la tête. Nous commençons par prendre des photos des oiseaux en vol mais ils sont très rapides et l’exercice est difficile. De plus, nous somme en fin de journée, le temps est gris. Cela ne nous aide pas à figer le mouvement.
Soudain, je réalise que des macareux sont bien tranquillement posés à la sortie de leur terrier et pour certains à moins de 2m de l’observatoire. Pas du tout impressionnés par les objectifs, ils nous regardent en toute quiétude! On peut se demander alors qui observe qui !
La pluie arrive, cela ne semble pas du tout perturber les macareux. On a même l’impression qu’ils aiment ça. La lumière baisse il faut rentrer, mais nous avons encore toute la semaine pour partager le quotidien des macareux !
Comment photographier les macareux?
Cette question je me la suis posée à plusieurs reprises. En effet, le macareux est un sujet qui a été abordé maintes fois et par des photographes de talent.
Le classique
Alors bien sûr, on commence tous par les classiques :
Le macareux en vol de retour de la pêche.
Puis, le macareux à l’entrée du terrier avec ses poissons.
Ou encore le portrait.
Les attitudes
Mais petit à petit on commence à étudier le sujet. C’est l’avantage de rester plusieurs jours à « travailler » sur le même thème. Car, cela permet de s’imprégner des habitudes, des comportements. Mais aussi de connaitre l’environnement et de repérer les meilleurs sites en fonctions des heures de la journée.
J’ai réussi par la suite à saisir des attitudes, avec par exemple ce macareux qui est venu vers moi comme pour m’offrir la fleur qu’il a dans le bec.
Celui ci qui terrasse son terrier pour le débarrasser des cailloux gênants.
Il y a également les scènes d’interaction entre les individus comme ces macareux qui se frappent mutuellement le bec au cours des parades nuptiales.
Sur le site de Crab bay les macareux sont très curieux. Ils viennent observer, analyser chaque objet que nous posons au sol et cela donne des scènes cocasses comme celle du macareux photographe. Attention le petit oiseau va sortir….
Les lumières
Ensuite, on peut travailler avec les lumières.
Utiliser les flares (ces ronds de lumière blancs)
Jouer avec le contre-jour pour avoir des ombres chinoises.
Ou bien essayer le clair- obscur.
Un ciel nuageux adoucit la lumière et s’il se met à pleuvoir, les gouttes de pluies ajoutent un petit plus à la photo.
L’environnement
L’environnement permet d’aborder le sujet sous des aspects un peu différents.
Par exemple, on peut prendre un peu de recul et reposer l’oiseau dans son environnement.
Une autre option consiste à changer d’objectif. Pourquoi ne pas essayer un grand angle afin d’inclure le sujet dans le paysage. D’autant que sur le site de Crab bay la proximité avec les macareux permet ce type de photo.
Le téléobjectif quant à lui, peut extraire un détail d’une scène lointaine, comme un groupe de macareux sur l’eau.
Là, j’ai aussi joué sur la lumière en surexposant pour avoir quelque chose de plus épuré et isoler le sujet.
Enfin, il ne faut pas hésiter à utiliser la végétation pour cette fois donner un aspect abstrait et juste suggérer le sujet.
Pensez également à changer le cadrage et opter pour le mode portrait.
Vous avez donc ici un panel des différents styles de photos que j’ai réalisées au cours de la semaine.
Certaines sont plus réussies que d’autres mais ce qui compte c’est d’avoir testé différentes techniques.
Scènes de vie – Prédation
En mer, le macareux n’a quasiment pas de prédateur.
Les principales causes de mortalité sont la pollution, les filets dérivants ou encore les fortes tempêtes.
Mais à terre il est plus vulnérable. Les rats peuvent faire des ravages dans les colonies en mangeant les œufs. Et les autres prédateurs sont les oiseaux de proie comme le faucon pèlerin et surtout les goélands.
Il faut cependant faire une distinction entre les goélands.
Le goéland marin
Il est plus grand et aussi plus agressif envers les macareux. Certaines attaques sont très violentes et vont jusqu’à la mise à mort.
J’ai même observé un goéland marin avaler en entier le macareux qu’il venait de tuer. La photo n’est pas de bonne qualité mais on peut distinguer les pattes du macareux qui sortent encore du bec du goéland. Le cou de ce dernier a doublé de volume !
Le goéland argenté
Lui est plus subtile. Ce n’est pas le macareux qui l’intéresse mais les poissons qu’il ramène au terrier pour nourrir les petits.
Le goéland argenté a donc mis en place une stratégie qui lui permet de se nourrir sans trop d’effort !
1 – Surveiller la zone de nidification des macareux.
2 – Repérer un macareux qui revient de la pêche.
3 – L’attaquer quitte à l’extirper du terrier.
4 – L’attraper par le bec, une patte ou toute partie du corps.
5 – Secouer un peu pour lui faire lâcher ses poissons.
6 – Récupérer le butin et déguster !
Cette semaine a été vraiment très riche et nous a permis de faire de belles observations.
J’espère que cet article vous aura donné envie d’aller aussi à la rencontre de ce petit clown des mers si attachant !
N’hésitez pas faire des remarques et poser des questions dans les commentaires.
Splendissime, tout simplement… Un très grand merci à l’artiste!
merci Bob !
Génial Laurence !!
Merci beaucoup
Fabuleux reportage. Le récit est digne du meilleur scénario et les photos qui le complete sont d’une superbe qualité technique et artistique, mais aussi d’une diversité impressionante dans les attitudes naturalistes.
Un grand bravo et un énorme merci de nous faire voyager ainsi.
Merci , je suis ravie que cela vous plaise.
Magnifique leçon de photo ! Je connais le spot.. mais il faut savoir l’exploiter et montrer ce qu’on peut faire. Bravo et merci!
Merci ! Point de leçon de photo pour moi, mais plutôt l’envie de partager cette superbe expérience.
Je pense que vous avez dû vous amuser également sur ce magnifique spot de Crab bay !
Superbe photo,
Quel objectif me conseiller vous?
24-70
70-200
100-400
Il est très difficile de répondre, car tous ces objectifs, ces focales, ont des utilisations différentes.
Il faudrait savoir ce que vous voulez photographier
La seule chose que je peux dire c’est que pour l’animalier, c’est le 100-400 qu’il faudrait plutôt utiliser
Photos d’une qualité exceptionnelle ! Comme un prélude et une révision pour moi car je viens d’arriver en Ecosse pour justement le photographier dans différents lieux de nidification.
Si mes photos avaient la moitié de la beauté des vôtres, je serai déjà contente ! Bravo pour cet excellent reportage et merci pour le partage !
Meric Anne, ah l’Ecosse ça doit être super beau aussi ! Vous allez vous régaler avec le Macareux (pas au sens gastronomique du terme bien sûr ! ) Si vous avez un site ou une galerie photo, n’hésitez pas à partager le lien, bon séjour en Ecosse !
Bonjour Laurence, Karin m’a un peu raconté votre aventure. je vois que vous avez pris beaucoup de plaisir à observer ces magnifiques oiseaux. Les photos sont superbes. Les méthodes du Goéland argenté sont violentes, cet oiseau ne fait dans la dentelle !!! Merci pour ce beau reportage !!! Bises Philippe
Merci Philippe, on a vu aussi des macareux se rebiffer sur le goéland argenté et il n’a pas toujours le dessus, bon nombres d’attaques échouent.
Le plus méchant c’est la goéland marin !
Superbe reportage Laurence ! Le macareux est vraiment adorable, et je ne le voyais pas si petit ! Tes images sont (comme d’habitude) magnifiques et visiblement tu as pu expérimenter toutes sortes de techniques et de rendus… Bravo, merci, et encore bravo !
Merci beaucoup Larchi !
En fait dans l’affut on peut photographier sur ses 4 côtés.
Côté mer, les 2 latéraux et côté terre où ils sont vraiment tout proches.
Merci Karin pour cette précision j’avais oublié les ouvertures arrières, c’est vrai que sur certains des affût on peut photographier sous tous les angles. Pour les autres c’est sur 3 côtés.
Tous les affûts sont bien construits !
merci pour ce superbe reportage aux pays des macareux
tout mignon ces petites bestioles
merci Cathy
Génial, magique, merci pour ces superbes photos !
merci Patrick
Quelles belles photos ! quel beau reportage ! Merci Laurence !
Merci Régis
Merci pour ces magnifiques images et le partage.
Il y a beaucoup de magie dans vos photos. Belle invitation et incitation pour aller photographier ce petit bonhomme.
merci beaucoup
Superbe récit et non moins magnifiques photographies. Vous nous donnez une envie folle d’aller tirer le portrait de ces petits clowns de mer. Merci Laurence
Merci, Islande, Pays de Galles et Écosse sont des régions prisées pour la photo de macareux. Mais il ne faut pas oublier que chez nous il y a la réserve des 7 îles au large de Ploumana’ch. Certes on ne peut pas débarquer mais les bateaux s’approchent très près des oiseaux et il y a aussi une très grande colonie de Fou de Bassan . J’ai un ami qui y est allé cette année et il a ramené de très belles photos!
Bonjour Laurence.
Superbe article, avec de très jolies photos de ce magnifique oiseau. Dommage qu’en France on ne l’a pas protégé beaucoup plus, espérons que les mentalités changent et que l’on voit le nombre de Macareux augmenter.
Merci Laurence pour ce partage et comme beaucoup de mes prédécesseurs tu nous as mis l’eau à la bouche et donner l’envie d’aller le photographier, alors Bravo
Bonne fin de journée, belle photos
Jean Paul
Merci Jean Paul
Que dire de plus, congratulations Laurence pour ce superbe « reportage » merveilleusement imagé !
Un régal de te lire aussi
Hervé
Merci Hervé!
Très belles photos , elles nous font entrer dans leur monde du bout des yeux ! Beaucoup de générosité dans l’ensemble , photos et textes . Merci !
merci à vous, c’est toujours très sympathique d’avoir des commentaires à la suite d’un article !
Très beau reportage, merci Laurence.
Merci Jacques!
merci Laurence pour ce voyage magnifique super photos
Merci Alain
Très bel oiseaux. Merci pour ces belles photos et en particulier pour le clair obscur que je trouve superbe !!! ça donne vraiment envie …
merci Rémy, j’aime bien aussi le clair-obscur..
Magnifique reportage !
merci beaucoup
Superbes photos, joli reportage, un très bon moment passé à admirer votre travail !!!!
Et effectivement, l’envie de partir à la découverte de ces magnifiques petites créatures …
Félicitations !!!!!
Merci beaucoup !