Quand replier le matériel?
Voilà une question que l’on se pose inévitablement lors d’un affût. En effet, un affût dure généralement plusieurs heures. Et, parfois, souvent même, la faune n’est pas au rendez-vous. Alors il y a bien un moment où il faut se décider à replier le filet de camouflage et le trépied. C’est alors que surgissent toutes sortes de d’interrogations, du type :
- Est-ce que je ne devrais pas attendre encore un peu?
- Est-ce que je vais créer du dérangement?
Je ne vais pas prétendre vous donner la réponse miracle car, chaque affût est différent. Et puis je ne sais pas si vous avez aussi ce sentiment, mais je ne compte plus le nombre de fois où juste quand je me décide à tout ranger, les animaux arrivent….Je vais en profiter pour conter, en 2ème partie de cet article, quelques unes de ces rencontres qui sont souvent liées à des instants intenses même si la belle photo n’est pas toujours au rendez-vous.
Mais avant tous voici quelques cas pour lesquels je ne me pose pas trop de questions pour abandonner mon affût.
Replier quand le vent est changeant
Le vent qui change de sens, c’est le pire cas de figure sur un affût mammifère. On peut limiter les effets en affutant dans une tente . Sinon il ne faut pas espérer de miracle. Généralement, je préfère replier et changer de site, ou bien je pars en billebaude en prenant soin de me remettre à bon vent.
Quand mon affût est proche de la sortie
Certaines positions d’affût permettent de quitter la place beaucoup plus facilement. En effet si j’arrive à me positionner près de la sortie d’une parcelle, je vais pouvoir partir plus vite et donc moins risquer de me faire repérer en partant. Parfois, certaines parcelles, sont bordées par des talus hauts qui sont plantés d’arbres et de buissons. Ces talus sont par endroit assez larges pour permettre de marcher au milieu. C’est un bon poste d’observation qui a plusieurs avantages :
- je peux observer l’ensemble de la parcelle surtout si elle est un peu vallonnée.
- je peux facilement me cacher dans la végétation
- je peux bouger et me dégourdir les jambes quand je fais de longs affûts
- je peux quitter l’affût même si des animaux sont présents car je n’ai qu’à descendre dans la parcelle qui est derrière et le talus me cache en grande partie
Je commence à replier et…
Comme je vous le disais au début, je ne compte plus les fois où je commence à replier et là bingo l’animal surgit !
Voici quelques anecdotes qui au final sont des moments intenses où se mêlent stress, adrénaline et satisfaction
Le chat forestier
14 mars 2016, je suis en stage chez Fabien Gréban. Cet après midi là, Fabien me poste sur un affût chat forestier. Il me donne les consignes et me dit » tu verras, le soir la lumière est magnifique »
Les heures passent, la lumière est effectivement magnifique, mais pas l’ombre d’un animal. La lumière baisse, je reçois un texto de Fabien, « je viens te chercher je ne suis pas loin ». Bon ok, je commence à replier un coin du filet de camouflage et là sur ma gauche il surgit . Le chat forestier tant attendu arrive. Zut zut zut, vite remettre le filet sans se faire remarquer, heureusement que je n’ai pas encore enlevé le boitier du trépied. Tout d’un coup je percute, mince fabien arrive ! j’attrape le téléphone tout en surveillant le chat qui est assis en haut de la colline « viens pas, le chat vient d’arriver ! ». Mon cœur bat à 100 à l’heure. La belle lumière n’est plus là mais tant pis, le chat avance et passe tranquillement. Je fais mes photos, ce ne sont de loin pas les plus belles mais quel moment magique !
Le brocard
Allongée sur le talus entre 2 parcelles, j’observe un groupe de chevreuil depuis quelques heures. Nous sommes mi mars et 2 brocards sont encore en velours. Ils passent la plupart de leur temps couchés. Mais parfois ils se lèvent pour faire un brin de toilette. J’en profite pour faire quelques photos.
Même s’ils ne sont pas très actifs mais comme ils sont relativement proches, mieux vaut rester le plus discret possible. Petit à petit, ils s’éloignent. Je glisse alors le long du talus pour me retourner. Et là, je vois arriver dans ma direction un magnifique brocard. Je n’ai aucune possibilité de me cacher alors je recroqueville le plus possible le long du talus, surtout, ne plus bouger. Le brocard avance, puis se fige. Il a remarqué ma présence mais ne m’a pas identifié en tant qu’humain. Par mesure de prudence, il bifurque vers le milieu du champ et se met à manger tout en me surveillant du coin de l’oeil. La lumière est belle avec les deniers rayons du soleil. Le brocard s’éloigne tranquillement pour aller rejoindre un groupe de chevrette en contre bas du champ. Ils sont suffisamment loin pour que je puisse partir à mon tour,
la martre
Un soir de juin, j’ai passé toute la soirée à attendre le renard, mais il en a décidé autrement. En 3 heures d’affût, je n’ai aperçu qu’une chevrette au loin. Il est 21h30 et la lumière baisse très vite. Alors je décide de replier le matériel et de regagner ma voiture. J’arrive en bas de la parcelle et sur ma droite dans le champ d’à côté, je vois une forme qui avance en sautant. Je n’arrive pas à distinguer ce que c’est. Les sauts ne ressemblent pas à ceux d’un lièvre. L’animal approche, s’arrête et se dresse. Bon sang, une martre ! Je n’ai pas le temps de faire de réglage, juste 2 clichés avant qu’elle ne file dans un arbre.
Malheureusement les photos manquent de netteté, mais cette rencontre est inoubliable. Un jour je sais que la croiserai de nouveau et j’espère que cette fois j’arriverai à faire un beau cliché !
Le lièvre
Là encore, c’est une rencontre de dernière minute. Je rentrai d’un affût infructueux et, arrivée à ma voiture, je vois un lièvre qui remonte le chemin et vient s’arrêter à 2m de mon véhicule.
Je ne sais pas lequel des deux était le plus surpris !
En conclusion
s’il y a une chose que j’ai apprise au fil du temps, c’est que même une fois que j’ai décidée de replier mon matériel, je reste vigilante. Bien souvent les personnes que j’emmène, ont tendance sur le chemin du retour à se mettre à parler ou à marcher avec moins de discrétion. Alors que bien souvent, si on sait rester discret, il y a de forte chance de faire encore des observations et même si la lumière est basse, généralement il y a toujours moyen de tenter un cliché et à défaut de faire une belle rencontre.
Et vous, quelles sont vos plus belles rencontres après avoir replié votre matériel photo? N’hésitez pas à nous les raconter dans les commentaires !
Merci Laurence pour ton article qui me font revivre deux aventure du même genre malheureusement sans photos mais de belles rencontres que je revois encore.
La première c’est après une après midi d’affût infructueuse dans le Vercors nous remontions vers notre appartement quand soudain je vois 3 chevreuils qui sortent d’un petit bois il se sont arrêtés m’ont regardé je ne sais je suis resté immobile je ne sais qui était le plus surpris je pense que c’était moi car voyant qu’ils ne pouvaient aller plus loin ils ont fait tranquillement demi tour et sont rentrés dans le petit bois.
La second cette année encore pendant la période du brame toujours dans le même secteur j’avais repérer un endroit où je pensait que des animaux venaient pour y dormir je me suis installais pas très loin et en même temps j’avais une vue sur la colline juste en face d’où partaient les les brames des cerfs espérant en voir un . Mais après plusieurs heures d’attente je ne vois rien je décide de rentrer surtout que la nuit commençait à tomber j’enfile le sac dos et repli le pied photo sans enlever l’APN j’arrive sur le bord du chemin et là je regarde autour de moi dans les prairies environnantes et là au loin j’aperçois 3 biches qui remontaient en ma direction je déplie mon pied essaye de les suivre en espérant pouvoir les photographier mais j’avais oublié qu’un paysan épandait du fumier sur la prairie elles ont vue le paysan et son tracteur et ont disparue mais j’ai pu les observer et rien que ça c’est déjà un cadeau.
Merci jP bien sympa tes anecdotes également, merci pour ce partage !
Tes commentaires me parlent, Laurence. Mais au fond tant pis pour la photo manquée, l’instant reste magique lorsqu’apparaît le renardeau, ou l’oiseau tant attendu, même avec le matos dans le sac.
Merci pour ce partage d’expérience.
Merci Rémy, oui l’appareil photo il faut bien le garder jusqu’au bout !
Grand plaisir de te relire, Laurence! Merci pour cet article qui fait remonter des souvenirs, tout en insistant sur deux éléments clés : la patience et le vent. Bien vu, également, la capacité de sortir de l’affût sans se faire voir! Ca peut être utile au bout de quelques heures! 😉
Magique l’instant avec la martre! Je te souhaite de la retrouver et de partager!
En anecdote, j’ai 3h d’affût sans rien.. Je quitte, range tout et monte dans la voiture proche. Au moment de démarrer, les chevreuils sont arrivés. L’appareil étant à côté de moi, j’ai pu faire les photos espérées.
salut Bob, ça fait plaisir de te lire également, il faut qu’on s’appelle un de ces jours!
Toujours sympa tes articles et bravo pour la patience. Avec les poissons c’est tout de même plus facile et on peut toujours se rabattre sur les nudibranches ou les ascidies.
Merci beaucoup Laurence pour ce nouvel article très intéressant et tes superbes photos. Je ne pratique pas la photo animalière pour plusieurs raisons mais je reste admirative et intéressée.
merci beaucoup !
Merci ! J’y suis presque avec mon chien et mes pantoufles…
ravie de pouvoir te faire « voyager » au travers de ce blog
Ah oui ça me parle, ce hibou qui venait vers moi alors que je dépliai ma tente d’affût……..
Souvent d’ailleurs ce que l’on raconte aux autres, les magnifiques loupés qui sont visuellement encore si présents.
Merci Laurence et mes meilleurs voeux pour 2024.
Merci pour ton article, toujours des articles qui nous font rêver, clin oeil des animaux « on vient quand on veut ». Ca me rappelle la tété des renardeaux, le brocard au petit matin…instants magiques
Continue de nous faire voyager, belle année 2024.
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