La photo sous-marine, c’est dans ce domaine que j’ai commencé la photographie. C’est un domaine un peu atypique. Il est bien sûr lié à la pratique de la plongée.
J’ai commencé à plonger en 1981 et j’ai passé mon 1er niveau, malheureusement, j’ai dû arrêter suite à des problèmes d’oreille. Cette interruption a duré 17 ans. Mais pendant un séjour dans les caraïbes, je n’ai pas résisté à l’envie de faire un baptême. Voilà j’ai remis les palmes dans l’engrenage et de retour en Normandie je décide de reprendre la plongée. Et la photo dans tout ça me direz-vous? Patience, car avant de penser à faire de la photo sous l’eau il faut d’abord être capable de maîtriser sa stabilité. Et de bien connaître toutes les règles de sécurité.
Vers la photo sous-marine
Quand on apprend à plonger, on commence par des plongées dites techniques. Il n’y a pas le choix il faut en passer par là. Mais, il y a aussi d’autres types de plongée. Elles sont axées sur la découverte du milieu marin et donc de la faune et la flore. Autant vous dire que j’ai vite passé le 2 premiers niveaux de plongées pour ensuite me consacrer uniquement aux plongées bio.
Vaincre les aprioris
Comme j’habite dans le Cotentin, c’est dans la Manche que réalise la plupart de mes plongées. Mais, quand je parle de mes plongées dans mon entourage, on me dit souvent, « Pourquoi tu plonges en Manche, l’eau est froide, c’est sombre, il y a du courant et en plus il n’y a rien à voir ». Eh bien, voilà ce que je peux répondre à ça :
- Oui, l’eau n’est pas toujours très chaude, elle varie de 8 °C en hiver à 19 -20 °C en été. Cependant la température de l’eau est très homogène. Et, entre la surface et le fond (entre 0 et 30m) il n’y a environ qu’1°C d’écart. En Manche il n’y a pas le phénomène de thermocline présent en Méditerranée qui fait brutalement chuter la température de l’eau de 25° en surface à 16°C dès qu’on atteint 12m de fond.
- Oui il y a du courant et il peut être très fort, Parfois il est impossible d’aller contre ou de s’arrêter sans s’accrocher à une roche. Voilà pourquoi il faut bien connaître les marées et les étales de courants pour plonger en sécurité.
- Oui, souvent la visibilité est réduite. Mais c’est parce qu’il y a beaucoup de plancton et donc une eau riche en nutriment.
- Et non, il n’y a pas rien à voir, C’est même tout le contraire. Dans la Manche il y a des algues mais aussi des éponges, des coraux, des mollusques, des poissons. Et, avec un bon éclairage, la Manche se dévoile comme une mer riche en couleur !
C’est mon envie de partager mes découvertes dans ce monde du silence qui m’a conduite à faire de la photo sous-marine.
Quel matériel utiliser pour la photo sous-marine ?
Le maître mot, c’est l’étanchéité. Et, ce critère n’est pas garanti au même niveau sur tous les appareils. Chaque boitier, chaque caisson est certifié étanche jusqu’à une profondeur maximum qui lui est propre. Aussi, on trouve des boitiers étanches (sans caissons) jusqu’à 20m. Mais, pour descendre plus profond il faut se tourner vers les caissons qui seront en fonctions de leur catégorie, certifiés pour plonger à 40m ou 60m. Au-delà on dépasse le cadre de la plongée loisir.
Les boitiers sans caisson
Ils ont l’avantage d’être peu chers, mais leur étanchéité est bien souvent limitée à 20m, parfois moins. Malgré tout, il ne faut pas forcément se détourner de ce type d’appareil. En effet, on peut parfois remettre ces boitiers dans un caisson étanche qui lui, garantit une étanchéité à 40m par exemple. L’avantage d’avoir un boitier étanche dans un caisson, c’est de sécuriser le matériel. En effet, si un défaut d’étanchéité permet une entrée d’eau dans le caisson, le boitier est lui, assez résistant pour permettre de remonter en surface tranquillement sans crainte de noyer le matériel.
Les caissons étanches
Ils sont nombreux et chaque modèle de boitier a son propre modèle de caisson. Et, les tarifs varient de 300€ à plus de 2000€. On trouve des petits caissons pour les boitiers compacts type APN . Pour les réflex, les caissons sont plus gros, plus chers et plus encombrants !
Pour démarrer, il vaut mieux se faire la main avec un APN dans un caisson. Dans la configuration ci-dessous on utilise le flash du boitier APN couplé au diffuseur fixé sur le caisson
Ensuite on ajoute un flash externe. Là, le flash externe est relié au caisson par une fibre optique. Il déclenche grâce à la lumière émise par le flash de l’APN.
Puis, on peut envisager de se lancer avec un reflex. Comme vous pouvez le voir le matériel est beaucoup plus encombrant et sur ce caisson je n’ai monté qu’un flash, Normalement on en met deux. Dans ce cas il faut les disposer de part et d’autre du caisson.
Préparer son matériel
Quel que soit le matériel choisi, il faut être très rigoureux dans la préparation du caisson avant d ‘aller plonger.
Il faut respecter chaque étape :
- Ne pas préparer son matériel à la dernière minute et dans la précipitation
- Préparer son matériel dans un environnement propre sans poussières et à l’abri du vent
- Bien vérifier que le joint du caisson est propre, le moindre grain de sable ou un cheveu sur le joint et c’est l’entrée d’eau garantie dans le caisson et la noyade du boitier assurée !
- Graisser le joint légèrement (trop de graisse est nuisible) avec la graisse dédiée au type de joint sans quoi, le joint va se dégrader.
- Rincer le matériel à l’eau douce par trempage après chaque plongée
- Essuyer le caisson avant de l’ouvrir pour sortir le boitier
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai vu des camarades noyer leur matériel pour ne pas avoir été assez vigilent. Et parfois même en ayant tout bien fait on peut tout de même avoir une entrée d’eau. Alors autant mettre toutes les chances de votre côté avant de s’immerger !
La technique en photo sous-marine
Le plus important en photo sous-marine c’est la gestion de la lumière.
En effet avec la profondeur les couleurs disparaissent. Dès les 5 premiers mètres, le rouge n’est plus visible. Puis c’est au tour du orange, du jaune etc…
Heureusement on récupère les couleurs grâce à un apport de lumière. Pour ça on utilise un phare de plongée pour observer et pour la photo, les flash.
Mais il ne suffit pas d’éclairer. Il faut gérer l’orientation du flash et sa puissance. Car, comme je l’évoquais plus haut, l’eau est souvent chargée en particules. Alors un flash mal réglé va certes éclairer le sujet mais il va aussi rebondir sur les particules en suspension dans l’eau. On obtient alors une image brouillée pleine de tâches.
Mais si l’éclairage est mieux positionné on arrive à minimiser la présence des particules sur l’image
Pour commencer en photo sous-marine il vaut mieux se concentrer sur la macro et la proxi. Car, comme on est très proche du sujet on limite considérablement le risque d’éclairer les particules. Je conseille aussi de s’ exercer sur des sujets fixes. Les sujets mobiles, tels les poissons, sont beaucoup plus difficiles à immortaliser au début !
Photos sous-marines dans la Manche
La mer de la Manche est très riche en faune et donc propice à la pratique de la photo sous-marine.
On n’imagine pas que dans cette eau bleue verte se cachent des animaux aux couleurs chatoyantes. Le poisson bleu dans le paragraphe précédent est un poisson de la Manche. C’est une coquette, un mâle en couleur nuptiale. Il est digne des poissons colorés des Caraïbes n’est-ce pas !
La mer de la Manche est une mer toute en couleur. Je vais donc vous proposer une sélection de photo sous-marine de quelques espèces qui peuplent la Manche. Je nomme les espèces par leur nom commun et pas les noms latins. Désolée pour les puristes mais je trouve que pour aborder ce sujet, les noms communs sont plus parlants car vous allez voir ils sont parfois très imagés !
Les éponges en photo sous-marine
C’est avec les éponges que j’ai commencé la photo sous-marine. Comme ce sont des animaux fixés, il est plus facile de s’attarder devant et de prendre le temps de faire ses réglages et son cadrage. Et puis sur certains sites de plongées, il y a facilement entre 10 et 15 espèces différentes. Donc on peut faire une cession photo avec une belle diversité d’images.
- L’axinelle
- La tube de fer
- L’éponge à mamelles
L’éponge balle
- La fesse d’éléphant
Les étoiles de mer
Elles aussi sont nombreuses, on en trouve de toutes les couleurs de toutes les tailles
- L’étoile de cuir
- L’étoile peigne
- Le crachat d’amiral ( je vous avais dit que c’est imagé !)
- L’étoile de mer glacière
Sur la photo suivante, c’est toujours la même étoile mais, on peut voir le détail d’un bras avec les pieds qui forment des ventouses et permettent à la fois de se déplacer et de s’accrocher.
Les anémones
Comme tous les cnidaires, elles possèdent des cellules urticantes. Elles sont toutefois moins virulentes que les méduses mais mieux ne vaut pas trop y toucher.
- L’anémone fraise
- L’anémone tomate
- L’anémone dahlia
- L’anémone bijou – elle vit en colonie et recouvre totalement la roche, on en trouve des roses, des bleues ou des vertes. Elles forment des tâches de couleurs unies.
Les mollusques
Là, le sujet est vaste et je vais cibler un petit groupe parmi les mollusque. Ce sont les lièvres et les limaces de mer. Ils ne mesurent parfois que quelques millimètres. Autant vous dire qu’il faut de bons yeux pour les repérer. Et arriver à faire la mise au point sur d’aussi petits sujets quand on est balloté par le courant n’est vraiment pas facile !
- Le lièvre de mer
- L’antiopelle couronnée
- La thécacère
- La coryphelle
- Polycera des îles Féroé. Ici on peut voir deux individus en accouplement.
Les crustacés
Là aussi je sélectionne des spécimens que vous ne verrez pas dans vos assiettes….
- La crevette péricliménes. Elle ne mesure que quelques centimètre et vit bien à l’abri des tentacules de l’anémone verte.
- La galathée, le jour elle se cache dans les failles et elle sort la nuit. Et oui dans les fonds marins il y a aussi des espèces nocturnes et diurnes !
Les poissons
je termine avec quelques poissons, certains sont connus d’autres moins.
- la roussette, c’est en fait un petit requin. Elle est bien inoffensive et peu farouche. Vous pouvez noter que cette photo a des dominances vertes. C’est à cause du faible éclairage. Mon flash était en panne et je n’avais plus qu’une petite lampe comme seule source de lumière externe.
- le rouget barbet
- Le triptérygion, c’est un petit poisson qui a la particularité de se poser le plus souvent tête vers le bas sur les parois rocheuses.. Ici, c’est un mâle. On le reconnait à sa couleur jaune vif et à sa tête noire.
- La coquette vous avez vu le mâle au début de l’article et cette fois, je vous présente la femelle.
Je plonge de moins en moins toujours à cause de ma maudite oreille. J’ai eu le tympan percé à plusieurs reprises en plongée et j’ai de plus en plus de mal à descendre. Mais j’ai eu la chance ces 20 dernières années de profiter des merveilles du monde sous marin. J’ai plongé aussi bien en Manche que dans des mers plus chaudes avec toujours le même enchantement.
J’espère que vous avez apprécié cette plongée virtuelle et les rudiments de la photo sous-marine.
N’hésitez pas à me laisser vos commentaires à la suite de cet article.
Bonjour Laurence.
Quel plaisir de lire ton nouvel article. Comme les précédents il est riche en commentaires et en photos.
C’est un milieu que je ne connais pas beaucoup, mais que j’ai découvert en lisant tes articles et en regardant tes photos.
Bravo et merci,j’apprécie beaucoup tes commentaires et je suis toujours émerveillé par tes photos.
Merci Jean Paul c’est toujours un plaisir de te lire également.
Bravo Laurence
celà me rappelle mes propres photos en après formation de Mr Blin et consorts des commissions ad’hoc de la FFESSM. J’ai abandonné la plongée pour des questions de sécurité/santé à 68 ans, et je trouve ton article très bien fait. Un autre article un jour avec des photos moins orientées « bio » ?
Très cordialement
Alain
Merci pour les photos moins bio c’est un peu plus compliqué car c’est en majorité dans cet esprit que j’ai pris les photos. Recensement des espèces, identification bref tu connais le principe.
Merci Laurence tes articles sont toujours aussi bien fait. Quand reprends tu les cours d’initiation à la bio avec nous ? et les plongées?
A bientôt on l’espère.
Jean Michel
Merci jean Michel, tout va dépendre des conclusions de l’ORL … j’en saurai plus Fin Janvier.
Encore une fois un grand bravo pour cet article autant pédagogique qu’ « émerveillant » 😉
De plus, tu m’a bien rajeuni, ayant, plus jeune, fait pas mal de photos sous-marines mais en mers chaudes. Il faut vraiment être obstiné et passionné pour plonger dans la Manche et encore plus avec une oreille en vrac. Très douloureux…
Un grand bravo donc et merci pour ce partage qui nous manquait!
Merci Bob, ravie de te lire aussi! j’avoue que cette année j’ai été un peu moins productive au niveau des articles. J’ai un peu égoïstement privilégié les sorties terrain. Il faut bien rattraper le temps perdu pendant les confinements et couvre feu pour avoir matière à faire de futurs articles 😉
SUPER Laurence, j’ai beaucoup aimé et appris étant vraiment abscons en cette pratique photographique.
Un grand merci !!!
Merci Hervé !
Super article Laurence. Merci pour ce partage. Ça fait rêver.
Merci Régis c’est sympa de te voir là.