L’hermine est un tout petit mammifère. Mais nul besoin d’être gros pour avoir un rôle important à jouer dans la sauvegarde des prairies !
L’hermine, quelques généralités
L’hermine vit dans presque toutes les régions de France. Elle n’est absente que sur la Corse et très rare sur le pourtour méditerranéen. Cependant, c’est dans l’est de l’hexagone qu’elle est le plus facile à observer. La population d’hermine est liée à celle des campagnols dont elle se nourrit. Elle appartient à la famille des mustélidés
Morphologie
Elle est très filiforme. La taille et le poids varie en fonction du sexe de l’animal. Le mâle est toujours plus gros il mesure entre 18 et 32 cm pour un poids de 200 à 450g. La femelle quant à elle mesure 17 à 27 cm et son poids oscille de110 à 280g. La queue fait une dizaine de centimètre et elle se termine par un panache de couleur noir.
L’hermine a la particularité de muer deux fois au cours de la saison. A l’automne, dès que la température chute et elle revêt un pelage blanc. Puis, au printemps elle reprend une teinte brune sur le dessus du corps et le ventre lui reste blanc. La mue commence toujours par tête est se propage progressivement au reste du corps. Par contre, le bout de la queue lui reste noir quelque soit la saison. C’est d’ailleurs le meilleur indice pour différencier l’hermine de la belette.
Habitat et alimentation
L’hermine est tant nocturne que diurne. Mais il y a quand même quelques variations. Aussi, elle est plus active le jour en été et la nuit en hiver.
Elle occupe généralement les terriers de ses proies. On la trouve donc dans des galeries souterraines de rougeurs mais aussi sous des tas de bois, sous des souches d’arbres ou encore dans des amas de pierres.
Elle est exclusivement carnivore et se nourrit de petits mammifères comme les les rongeurs, ais elle s’attaque aussi à des lapins, des écureuils, des oiseaux ou encore des reptiles. Eh oui, sous ses airs d’ange, l’hermine est un redoutable prédateur.
Son rôle dans les prairies
L’hermine a un rôle primordiale dans le gestion des prairies. Car, dans certaines régions elles ont un ennemi de petite taille mais qui fait des ravages. C’est le campagnol terrestre.
Le campagnol terrestre
Le campagnol terrestre (Arvicola terrestris) est très présent dans l’est de la France. On peut considérer que ce rongeur pullule des lors que les herbages permanents représentent plus 60 à 70% des surfaces agricoles. Ce qui est le cas dans le département du Doubs. En effet dans cette région nous sommes sur la terre du Comté. Et pour réaliser ce bon fromage il faut de belles prairies pour faire pâturer les vaches et récolter du foin.
Seulement voilà, le campagnol terrestre lui aussi adore l’herbe car c’est un herbivore exclusif. Il se nourrit des racines juteuses, avec une préférence pour celles du trèfle, de la luzerne et du rey-grass en général.
Le campagnol a une reproduction explosive. Un couple peut avoir jusqu’à 100 petits par an ! La pullulation est cyclique. La population est d’abord à faible densité. Puis il y a une période de croissance jusqu’à atteindre un pic maximal. Ensuite la population décroit et revient progressivement à une densité basse. Le cycle complet se fait sur une durée de 6 ans.
Lorsque le pic du cycle est atteint, la densité de campagnol est de 1200 individus à l’hectare. Un campagnol mesure environ18 cm de la tête à la queue et pèse 120g. Quand on sait que chaque individu consomme l’équivalent de son poids par jour, il n’est pas difficile d’imaginer le résultat. Les prairies sont ravagées. Il n’y a plus un brin d’herbe. La terre est nue et criblée de galeries. Arrivé à cette extrémité, l’agriculteur n’aura pas d’autre choix que de semer à nouveau de l’herbe pour reconstituer sa prairie.
La place de l’hermine
Heureusement la prairie a aussi des alliés et l’hermine en est un. En effet, le campagnol est un de ses mets favoris et on estime qu’une hermine en consomme en moyenne 4 par jours.
L’hermine est profilée pour rentrer dans les galeries, c’est sous terre qu’elle pour chasse les campagnols. Elle est d’une agilité et d’une rapidité incroyable. En surface elle est presque tout le temps en mouvement. Car il ne faut pas oublier qu’elle aussi a des prédateurs et qu’en surface elle est beaucoup plus vulnérable.
Sa petite taille et son mimétisme, font qu’on ne la remarque pas toujours. Certains habitants dans le Doubs nous ont demandé ce que nous étions en train de photographier et quand on leur répondait, une hermine, ils disaient « c’est quoi, on a ça chez nous? ». Heureusement, certains agriculteurs, connaissent bien elle l’hermine. L’un d’entre eux qui venait travailler dans son champ alors que nous étions à observer l’hermine, nous a dit : « Ah , l’hermine, il faut la laisser travailler….et le renard aussi avec tout les campagnols qu’on a ici ! »
Oui, car pour protéger les prairies, l’hermine n’est pas seule. Depuis le ciel les rapaces veillent. buses, milans, faucons et chouettes participent au festin ! Et sur terre, le renard et le chat forestier ne sont pas en reste. D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus, je vous invite à aller sur le site de Fabien Gréban pour y commander son tout nouveau livre « Gardiens des prairies »
Photographier l’hermine
Comme pour toute autre espèce, ça commence par le repérage. A l’automne, avant les premières neiges, il faut repérer les champs qui sont infestés de campagnols. Car, il y a de fortes chance que l’hermine vienne s’y installer pour passer l’hiver. A cette saison elle est assez sédentaire et, tant qu’il y a à manger, elle reste sur place.
A l’affût
Après avoir déterminé le site, on organise l’affût. Ce sera un affût couché.
S’équiper
Pas besoin de s’encombrer de matériel de camouflage. Tout au plus, prévoir un petit filet (blanc s’il y a de la neige) à mettre sur le boitier. Par contre il est indispensable de prendre un tapis de sol, un trépied qui descend au raz du sol ou un bean bag. L’affût couché ne convient pas à tous les photographes. Il met à mal les lombaires et les cervicales. Parfois avoir un petit coussin peut être bien utile pour se caler. Un affût peut durer plusieurs heures et pas question de se lever ni de s’assoir. Alors, pour se ménager le mieux c’est de rouler doucement et de se coucher sur le côté pour se soulager de temps en temps. Cette technique est plus facile quand on affûte à deux car l’autre continue à surveiller!
Sur un affût, par définition on ne bouge pas. C’est encore plus vrai sur un affût couché. Et là, le froid devient vite un problème. Aussi, il ne faut pas négliger son équipement. Les sous couches sont indispensables et il faut bien protéger les extrémités (pieds, mains, tête). Bref, à vous d’adapter votre matériel en fonction de la météo. J’ai fait 3 cessions photos sur 3 années différentes entre fin janvier et fin février. Nous avons des températures qui variaient de -12°C à +20°C, mais aussi de la neige, des seaux d’eau et un soleil radieux en fonction des années. Autant vous dire qu’il est préférable d’être prévoyant et prendre des vêtement qui englobent tee-shirt et doudoune !
Pensez aussi à équiper votre boitier. Une housse contre la pluie est précieuse et pour les boitiers bruyants, une housse anti bruit est indispensable.
Photographier
On arrive à l’affût avant le levé du jour pour s’installer sans déranger. Quand l’hermine pointe le bout de son museau, il ne faut pas bouger.
Les hermines ont des caractères bien différents d’un individu à l’autre. Mais elles ont un point commun, elles détestent qu’on s’agite et qu’on fasse du bruit. Donc au début il faut se contenter d’observer et ne pas déclencher. Ce temps d’observation n’est pas perdu, loin de là. Il est au contraire précieux. Il permet à l’hermine de s’acclimater à la présence du photographe. Et pendant ce temps on peut analyser la situation. On peut ainsi voir par quels trous l’hermine pointe son nez. L’hermine commence par se déplacer sous terre par les galeries et ressort la tête par différents trous. Tantôt en face, tantôt à droite, à gauche et à plus ou moins grande distance.
Quand elle prend confiance, l’hermine se déplace en surface, là, on peut commencer à photographier. Mais, accrochez vous, elle est rapide! Et suivre le cheminement de l’hermine est compliqué. Elle rentre dans un trou, ressort la tête une fraction de seconde. On guette alors, l’œil rivé à l’appareil photo, qu’elle ressorte, mais rien…Quand soudain on l’aperçoit en surface 20m plus loin sur la droite ou la gauche. Le temps de refaire la mise au point et hop elle a déjà filé vers une autre galerie ! C’est une vraie flèche, elle court, elle « vole » et fait même des cabrioles, une vraie folle dingue !
Heureusement de temps en temps, la belle se pose pour le bonheur des photographes.
L’attitude la plus typique c’est la chandelle. Mais toutes les hermines ne montent pas systématiquement en chandelle. Certaines le font plus ou moins.
A l’approche
Nous avons vu que l’hermine en hiver reste sur un périmètre assez restreint. Mais, au printemps, quand la neige fond ou tout simplement quand la nourriture se fait plus rare, l’hermine peut être amenée à élargir son territoire et franchir les routes.
Dans ce cas, l’affût n’est plus efficace et il faut pratiquer l’approche. La technique n’est pas simple, on a un peu l’impression de jouer à 1,2,3 soleil avec l’hermine !
Heureusement, Fabien Gréban est là pour nous enseigner comment faire sans perturber l’hermine. Et puis quand on a la chance de tomber sur une hermine coopérative, voir même curieuse ce n’est que du bonheur ! Cette année nous avons rencontré une hermine particulièrement sympathique et nous avons passé près de 2 h en sa compagnie. Nous l’avons observé se promener au milieu des grumes.
Mais par moment c’est hermine qui venait malicieusement dans le dos des photographes, visiblement pas du tout impressionnée !
Conclusion
Photographier l’hermine est toujours un réel plaisir qu’elle soit dans un décor printanier ou dans un univers de neige et de glace, peu importe elle est toujours aussi belle !
J’ai eu l’occasion de voir l’hermine dans ma région à deux reprises mais, sans encore arriver à la prendre en photo, mais je ne désespère pas et peut-être qu’un jour je pourrai vous présenter une hermine Normande…..
Encore un super article.
Bravo Laurence et les photos d’illustration sont top.
Merci Karin !
article trés bien documenté , merci à toi, belles photos, surtout la dernière qui est très belle
Merci Laurence pour cet article et ces super photos
Merci beaucoup
Superbe article, comme d’hab!! Et bien sûr, toujours d’aussi belles images! Tu nous déconfines magnifiquement!
Bien vu également d’avoir souligné que les agriculteurs – et pas seulement dans le Doubs – réclame la présence du renard, tant les campagnols font de dégâts.. Et nettement plus écolo que l’insecticide anti-rongeurs qui fusille toute une chaîne alimentaire, rapaces inclus.
Bon déconfinement pour notre plus grand plaisir à venir : ton prochain article 😉
Merci Bob, oui hâte de voir la levée du couvre-feu car j’ai un ou 2 sujets qui demandent de passer quelques heures dehors jusqu’à la tombée de la nuit.
Si j’arrive à faire ce que je veux il y aura un article…..
Très intéressant Laurence ce sujet sur les hermines (et les pauvres campagnols), j’ai appris plein de trucs ! Merci à toi !
Ma préférence va à la 1ère photo de la rubrique « Photographier », congrats !
A très bientôt
Hervé
une belle découverte pour moi
Bravo Laurence
Salut Laurence, Chapeaux, bravos, félicitations, l’article et les photos !!!
Que du plaisir !!!
Bises
Philippe
Merci Philippe Bises bises à toi aussi
Bonjour Laurence.
Merci pour cet excellent article et ces magnifiques photos de l’hermine en action. Avec cet article tu apporte du dépaysement et de la gaité en cette période difficile.Encor Merci et Bravo.
Merci Jean-Paul , ravie d’apporter un peu de rêve !
jolies photos de l’hermine je n’ai jamais eu l’occasion de la photographier, dans quelques secteurs du Doubs vous avez pu la voir ?
entre Besançon et Pontarlier
documentaire trés intéressant et superbes photos.
Bravo!
merci beaucoup
C’est super ! Merci à toi de nous partager ça 🙂
Merci Régis ravie que cet article te plaise !
Merci Laurence pour cet article bien détaillé sur l’hermine. Ses habitudes, la façon de l’approcher et tes expériences sur le terrain, tout est très enrichissant et les images qui illustrent ton article sont extras !
merci beaucoup !
Super ce reportage, continues de nous instruire avec ces magnifiques photos.
Merci Dominique, ravie de te retrouver ici !
Superbe tes photos et commentaires, l’hermine joue autour du photographe, génial coucou je suis là, beau moment de poésie, toujours un plaisir de lire tes articles, Cathy